Jardin, bonnes pratiques.

Il n’y a pas de mauvaise terre, il n’y a qu’un mauvais jardinier.

Cette page suggère des idées pour mener votre jardin avec une cohérence agronomique, loin il est vrai, des standards habituels renforcés par des habitudes que nous ont légués nos pères, mères, grand mères, grand pères, amis(es).

Le jardin est notre complice, notre souffre douleur, dans le sens où il ne nous reprochera jamais verbalement d’avoir « mal fait », et pourtant nous n’hésitons pas à l’accuser de nos erreurs où nos échecs, vous avez tous(tes) entendu dire: la terre n’est pas bonne, le temps n’a pas été favorable, pas assez ceci, où pas assez cela, bref, nous n’y sommes pour rien…..

Cette attitude est identique chez les agriculteurs tranquillisez-vous, très peu reconnaissent leurs erreurs, et encore moins en public en accusant cette terre qui pourtant les nourris.

Nous allons tenter de rétablir certaines vérités purement agronomiques, mais pour cela nous allons devoir nous baser sur ce que l’on appelle un sol de référence, c’est à dire un sol « vivant » dont l’équilibre naturel est à l’optimum au point qu’il est en capacité de fonctionner tout seul…..là notre rôle de jardinier(ère) en prend un sérieux coup, vous ne trouvez pas?

Ce sol à l’équilibre, dit, de référence est celui d’une forêt, aucune intervention humaine: la nature dans toute sa splendeur, un taux de matières organiques à faire pâlir toutes les professions en relation avec la terre, le plus spectaculaire est que tout se passe en totale autarcie.

Tous les ans, les feuilles et le bois mort tombent au sol, évoluent en humus qui deviendra le carburant des arbres de la forêt. 

Nous savons tous(tes) que les feuilles deviennent du compost, mais quel est l’intérêt du bois mort?

Le bois est composé de lignine, c’est ce qui lui donne sa rigidité, une matière dure, assez longue à se décomposer aidée en cela par tous les animaux et micro organismes du sol, dont chacun accompli une tâche bien spécifique, il se trouve que cette lignine constitue le support idéal pour les champignons du sol qui doivent créer tout un réseau de mycélium, leur appareil végétatif.

Ces hyphes vont chercher les éléments nutritifs assez loin, et les échanger avec les racines des arbres contre des sucs sécrétés par les racines. Tant que les arbres ne pourront se déplacer pour se nourrir, il leur faudra trouver des solutions pour vivre. 

 

 

Tous les animaux du sol sont en activité, chacun avec sa spécialité, les plus visibles étant les vers de terre qui n’ont de cesse de monter chercher de la matière végétale la nuit, pour éviter les prédateurs diurnes, et redescendent pour « consommer » cette matière.

Ces allers-retours incessants contribuent à la porosité du sol par ce labour vertical, permettant aux eaux de pluies de s’infiltrer, pour donner une idée, un sol de forêt est capable « d’absorber » une pluie de 300 mm alors qu’un sol agricole n’en supporte que 2mm…!

Il est facile de comprendre la catastrophe que représente la charrue, la bêche, la pioche, la pelle, dans ce biotope très organisé, rapporté à l’échelle humaine, c’est comme si on mettait nos maisons sans-dessus-dessous, si nous ne mourrons pas écrasés, notre mode de vie sera considérablement désorganisé. 

Puisque nous parlions des vers de terre, dans leurs va et vient incessants ils absorbent la terre qu’ils entourent de mucus, contribuant à la cohésion, et donc à sa résistance mécanique aux pluies, des laboureurs hors-pair; mettez des turricules de vers de terre dans un verre d’eau vous constaterez qu’ils conservent leurs formes.

Afin de « justifier » le travail de la terre, les agriculteurs disent aérer les sols, mais quant on sait que 80% de l’activité des sols se situe dans les cinq premiers centimètres, l’argument ne tient plus parce-que la dégradation des végétaux morts ne peut se faire qu’en présence d’oxygène, aidé par les rayons ultra-violets présents en surface; en deçà, en milieu anaérobie (privé d’oxygène) les végétaux se fossilisent(début de la formation du pétrole), et n’enrichissent pas le sol.

Beaucoup d’agriculteurs ont enfin pris conscience de ces erreurs et constaté la dégradation de leurs sols; les techniques de semis direct(SD) ou sous couvert végétal(SCV) supplantent de plus en plus les méthodes dévastatrices.

Même si l’argument du contrôle des mauvaises herbes est le favori de ces pratiquants, il est facile de comprendre que des « mauvaises graines » misent au fond d’un labour  en année 1, se retrouveront en surface en année 2 , donc c’est sans fin, et le stock de ces graines sera toujours suffisant pour infester à nouveau, on l’a évalué à 50 ans: le combat est perdu d’avance!

Justement à propos de ces graines dites « mauvaises » on a pu démontrer qu’elles étaient là pour « corriger » les sols et nos erreurs, on les a appelées plantes bio-indicatrices.

Le plus spectaculaire est le chardon, qui, armé de son système racinaire puissant poussera toujours sur des sols tassés: animaux, engins, pluies, pour décompacter le sol.

Revenons à notre jardin, et comment mettre en application ces mesures de bon sens?

Bien entendu, on ne « travaille » plus le sol, les vers de terre vont s’en charger, et le ferons bien mieux que nous. Plus besoin de se torturer le dos à bêcher ou désherber.

Dans la philosophie de cette technique, on intervient au minimum, sans brusquer le sol, qui non seulement conserve sa fertilité, mais lui permet d’évoluer encore plus favorablement qu’un sol dit de référence, la perspective est immense, nous devons juste être patient… pendant au minimum cinq ans, pour être convaincu(e) des bienfaits de la technique.

Notre sol de référence n’est jamais « nu », donc toujours le couvrir(au moins 20cm): herbe de tonte(attention, cette herbe fraîche à tendance à chauffer si trop d’épaisseur), paille, vieux foin, feuilles.

On dit qu’un vieux foin apporte des graines , surtout si il a été coupé tard, mais si vous en mettez 20cm, les graines ne verront pas le jour, et ne germerons pas.

Toute cette matière végétale va servir de garde-manger pour les vers de terre dans l’hiver, qui augmenterons la porosité du sol. Il est important de légèrement tasser toute cette matière afin de la mettre le plus possible en contact avec la terre.

Au printemps, au moment du semis écartez doucement la « couverture » du sol, déposez vos (petites) graines sur la terre, recouvrez légèrement de compost, et d’herbe en faible épaisseur; au fur et à mesure de leur croissance, refermez la couverture autour des jeunes plants pour priver de soleil les graines non désirées, pour cela, il est important de garder une bonne épaisseur de couvert, paille ou autres, en alimentant en permanence.

Vous pouvez aussi poser vos patates sur la terre, et les recouvrir de paille, plus besoin de butter, ajoutez juste de la paille, elles seront plus facile à ramasser, et pousserons tout aussi bien.